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CRITIQUE DE L’INCONSCIENT.

l’angoisse accumulée au cours des générations — angor avi — pour aboutir, si notre soi ne réagit pas vivement, à la pire douleur et à la mort. Ce que les révélateurs de l’Inconscient ont découvert et décrit, sous le nom d’automatisme, n’est que le dénudement, par l’instinct génésique, des rouages moteurs de l’organisme, lesquels, privés de la direction du soi, fonctionnent désormais à vide et machinalement. Ces rouages ne sont pas, à proprement parler, en dehors de la conscience, puisque la conscience pourrait les ressaisir, dans un sursaut de farouche énergie ou dans une lente application consécutive de la volonté. Mais ils donnent en effet l’illusion d’appartenir à l’inconscience, par leur éloignement et la quasi obscurité où ils fonctionnent.

Comment et pourquoi l’instinct génésique s’en prend-il aux figures héréditaires du moi — souvenirs, penchants, présences, aspirations vagues, etc. — et les modèle-t-il, de la même façon que le verrier souffle sa pâte lumineuse en toute sorte de formes brillantes et fragiles, qu’il brisera ensuite par excès d’insufflation. D’abord parce que cet instinct cherchant sa proie, quœrens qaem devoret, saisit ce qu’il