Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
145
LE MODELAGE DES ELEMENTS DU MOI.

la hardiesse avec laquelle il lance à la vie musicale des débris de fantômes intérieurs, qui finissent par se rejoindre et composer d’harmonieuses figures. Quand Laënnec écrivit l’Auscultation médiate, quand Claude Bernard décrivit les effets du curare, quand Duchenne de Boulogne fixa la symptomatologie du tabès, quand Alfred Fournier conçut la syphilis héréditaire tardive, ces quatre savants se risquèrent, afin de se conquérir, et il n’est pas douteux que, dans le même temps, ils conçurent une grande joie de s’être risqués.

C’est en ce sens que le risque noble apparaît comme un frein, comme une limite de la typification intérieure, notamment chez le créateur optimiste.

Le pessimiste ou malheureux est un homme chez qui l’hérédo a pris, et de beaucoup, le pas sur le soi. D’après ce que j’ai dit, au chapitre précédent, de l’instinct génésique et de son appoint à l’idée de mort, tout philosophe de l’Inconscient est prédisposé au pessimisme. Hartmann et ses successeurs en sont la preuve. Ce sont des victimes doubles de l’obscure force sexuelle et des hérédismes qu’elle éparpille. L’automate finit par dominer en eux,