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L’HÉRÉDO.

bientôt de cette supériorité immense à l’envie et à la jalousie quelle doit soulever. Ainsi débute le délire complémentaire de la persécution. Le raisonnement morbide est le suivant :

1° Que de monde en moi, quelle foule, quelle valeur, combien je suis riche et important !

2° Supérieur ainsi à tous les autres hommes, je dois exciter leur rage envieuse. Que d’ennemis !

3° Le seul moyen de m’en tirer, c’est de supprimer ces ennemis.

Or, il faut savoir que, même chez l’homme sain, l’orgueil est toujours homicide. Il croit qu’on ne règne que par la destruction. Au lieu que l’humilité, sentiment du soi, est féconde. Potain était humble comme Pascal, auquel il ressemblait physiquement. Il apportait au lit du malade une atmosphère de sagesse recueillie, très favorable à la guérison. Le grand médecin agit par l’état de sa conscience, au moins autant que par sa science. Ce n’est pas du tout une allégorie que de reconnaître aux saints le pouvoir de guérir.

Le sacrifice est la floraison du risque noble. Par le sacrifice — qui est toujours une opéra-