Page:Léon Daudet – L’Hérédo.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
L’HÉRÉDO.

naisons odieuses, auxquelles personne ne comprenait rien. On eût dit qu’il s’autofécondait à volonté. Il s’agissait, cette fois, non d’un hérédisme ou d’un fragment d’individualité congénitale, mais d’une individualité complète, d’une quasi métempsycose, ne laissant qu’une courte frange de l’Arbate habituel. Ce pauvre garçon devait connaître son mal et en souffrir, car il donnait dans toutes les sottises dangereuses de l’occultisme, comme pour y chercher la solution d’un problème qui le tourmentait. Son personnage normal m’aimait bien. Son double héréditaire me détestait. Je n’oublierai jamais de quel accent il me parla de mon roman la Lutte, à son apparition. La Lutte l’intéressait, comme récit d’un combat à l’intérieur de la personnalité. Je l’aurais bien étonné si je lui avais alors expliqué sa propre psychoplastie.

Le romancier anglais Stevenson a étudié un cas analogue dans son célèbre ouvrage Monsieur Hyde et le Docteur Jekyll. Il s’agit d’un dédoublement de la personnalité sous l’influence d’une drogue. Il n’est malheureusement pas besoin de drogue pour obtenir un tel résultat, quand le soi raisonnable se