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L’HÉRÉDO.

la simplifiant à l’excès. Chaque hérédo-image ou groupement d’hérédo-images prend à leurs yeux un caractère de rigidité absolue : « c’est ainsi et non autrement ». Leur sagesse, qui cependant leur appartient en propre, comme aux autres humains, ne leur suggère pas une minute que les choses ne sauraient avoir cette rigidité ; ni que cette prétendue loi peut n’être qu’une contingence répétée, ou qu’un très petit aspect de la vérité, ou qu’une erreur vue à l’envers. On dirait qu’ils n’ont aucune introspection. Malgré les titres dont ils se parent, le battage organisé autour d’eux, les récompenses académiques ou autres, voire la gloire qui les couronne, ils me font l’effet de tout petits, petits enfants. Encore le tout petit enfant a-t-il, en général, cette idée juste que ce qui arrive une fois n’arrivera pas nécessairement toujours.

Donc le soi responsable commande et hiérarchise la gravitation des hérédofigures. Il est à la fois moteur, régulateur et juge : moteur susceptible de s’enrayer, régulateur susceptible d’un bref dérèglement, juge parfois somnolent ou inattentif. D’où des désordres, une anarchie, des cataclysmes de toute nature.