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L’HEREDO.

des lettres longues et diffuses, qui commencent par intéresser et attendrir, puis finissent par lasser ses meilleurs amis. Il se brouille et se réconcilie vainement avec eux. Ses ascendants avares commencent à danser la sarabande dans son moi, comme des souris et des rats dans un grenier. Il devient jaune et casanier. Il a des lancinements de coliques hépatiques. Il s’essouffle en montant les escaliers. Il va consulter plusieurs docteurs, qui lui ordonnent des traitements contradictoires et qui ne le soignent qu’en rechignant, parce qu’il ne les paye qu’à regret. Un jour, dans une minute de détente, le fantôme de son oncle lui suggère de donner mille francs à un malheureux, dont la reconnaissance, comme il arrive, est faible. « Tu vois bien, tu vois bien », lui crient aussitôt, sur des tons différents, tous les avares de sa lignée. Plaignez Xénon, il est sur une mauvaise pente. Il ne sortira pas de l’ornière. Même si l’envie lui vient de se marier, il délaissera la jolie fille sans dot pour le laideron riche et surveillé, qui donne l’illusion de la fortune sans en donner la réalité et le prive de l’amour vrai et partagé…

Qui n’a connu, fréquenté plusieurs Xénon ?