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LE COMBAT DES HÉRÉDISMES.

Aristippe a eu une mère folle, un père normal, mais un peu plat et, comme il a peur de l’hérédité, il n’a jamais regardé plus haut dans sa famille, de crainte d’y découvrir des tares « fatales ». Car il a la superstition de la fatalité. La terreur de sa mère le hante. Il lit des traités de médecine. Il y découvre maint symptôme et prodrome d’aliénation, qu’il croit ressentir. Cela fait que, par l’obsession, l’hérédité maternelle d’abord fugitive et flottante, s’installe chez lui de plus en plus, sur des bizarreries et des tics. Il va consulter un docteur intelligent — il y en a — qui lui conseille le divertissement. Le diable veut que ce divertissement soit le jeu, auquel s’adonnait un ancien grand-père, profondément inconnu d’Aristippe, et qui se livre désormais à d’étranges batailles, au sein d’Aristippe, avec la mère du malheureux. Un joueur retouché par une mélancolique, on imagine ce que peut être le mélange ! Aristippe se désole de ce combat dont il est l’enjeu, sans tirer aucunement parti d’une faculté rustico-bourgeoise de bon sens, qui est en lui, et qui, cultivée, le sauverait. Il va à la ruine et à la maison de santé, au lieu de s’évader de son