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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

cices physiques, auxquels il attachait une grande importance et qu’il pratiquait régulièrement. Il arrivait rue Saint-Dominique à 8 h. 30, ses chefs de service étant prévenus. Il signait son courrier, examinait les télégrammes reçus depuis la veille. Vers 9 h. 30 il recevait son ministre Pichon, ou, à son défaut Philippe Berthelot dont l’esprit l’intéressait ainsi que le goût littéraire, mais dont il se méfiait secrètement, Dès leur départ, Mandel le tenait au courant de tous les épisodes et de toutes les nouvelles de la politique intérieure. Puis il se rendait dans quelque Commission, au Comité de Guerre, ou au Conseil des Ministres. À 13 heures il rentrait déjeûner chez lui. De retour à 14 heures, il recevait des visites une heure durant. Puis il repartait pour la Chambre ou le Sénat. Chaque lettre soumise à sa signature devait attendre vingt-quatre heures — sauf extrême urgence — car il connaissait sa propre impulsivité. À 18 heures c’était la signature et l’on imagine l’ampleur de cette besogne. À 21 heures le Président rentrait chez lui, dînait sommairement et se couchait.

On a dit, et je suis de cet avis, que cette activité sans pareille et en partie double rappelait assez celle de César pendant la guerre des Gaules, par le nombre et la diversité des Conseils militaires et civils. Ceux qui trouveront le rapprochement exagéré ne considèrent pas l’immensité de la besogne pressante et la faculté de compréhension et de décision que celle-ci exigeait. Synthétique comme César et les grands chefs de guerre en général, il créa la Conférence du pétrole interalliée qui mit en commun toutes les ressources du précieux liquide et en régla la distribution. Là encore l’état second le servit, lui permettant de passer d’un sujet important à un autre