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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

parlementarisme et qui ne badine pas dans le service.

Le remplacement, à la tête de l’armée d’Orient, de Sarrail par Guillaumat donna lieu à bien des récriminations, Sarrail étant soutenu par toute la maçonnerie. Je l’avais vu, en civil, pareil à une grande poupée de porcelaine, au Palais de Justice, lors des procès de Charles Paix-Séailles, disparu depuis lors. Il était affalé sur un banc et vigoureusement admonesté par un collègue, le vaillant général Cordonnier, en uniforme, qui paraissait en avoir gros sur le cœur. Mon Sarrail n’en menait pas large : « Défendez-vous, général, défendez-vous donc ! » gémissait un rédacteur du Bonnet rouge. C’était à la fois lugubre et comique. Le 10 décembre 1917 Serrail avait reçu de son nouveau ministre le télégramme suivant :

« J’ai l’honneur de vous faire connaître que le Gouvernement, se basant sur des considérations d’ordre général, a décidé votre rappel en France, »

Certains généraux, amis du fusillé Bolo, furent relevés de leur emploi.

La maison de la Presse, inutile et centre de clabaudage, fut supprimée purement et simplement. L’ordre fut rétabli dans les gares et dans les trains. Du haut en bas de l’échelle et jusqu’à la Sûreté générale, où un fort honnête homme — ce qui changeait — M. Winter, prit la direction, ce fut un nettoyage de premier ordre, exécuté rapidement.

Le Comité de guerre, où le Malvy d’Almereyda avait figuré indûment, — ce qui était un comble ! — fut réorganisé. Le nombre de ses membres fut ramené à six, de dix qu’il était sous l’incapable et grotesque Painlevé. Le dit Comité fut averti, par le grand