Page:Léon Daudet – La vie orageuse de Clemenceau.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

patron en personne, qu’il n’eût pas à s’occuper de la direction des opérations militaires.

La première réunion du Conseil supérieur de guerre interallié avait eu lieu le 1er décembre 1917, au Trianon-Palace à Versailles. Clemenceau présidait. L’Angleterre était représentée par M. Lloyd George, l’Amérique par le colonel House, l’Italie par M. Orlando, Les représentants militaires étaient respectivement les généraux Foch et Weygand, le général Wilson, le général Blies, le général Cadorna. Une méthode de travail en commun et de groupement de renseignements fut établie,

Dès novembre 1917, la Russie était en pleine décomposition bolcheviste.

L’Italie était encore sous le coup de la défaite de Gaporetto, Elle allait se rattraper promptement et recevoir en renfort onze divisions anglo-françaises,

Nous étions condamnés à la défensive par l’infériorité de nos effectifs. C’est à l’examen sur place et à la réfection de cette défensive que Clemenceau se consacra, pendant toute cette période d’hiver, partagé entre la thèse de Mordacq (organisation de la défensive sur les secondes positions) et celle de Foch (« ne jamais céder un pouce de terrain à l’ennemi »). Le travail du président du Conseil au front, grâce à son coup d’œil et à son sens militaire inné — j’y insiste — valait celui qu’il venait d’accomplir dans ses bureaux, Dans le courant de janvier 1918, le président Wilson émit ses quatorze points, dont la conception était enfantine et, par endroits, comique, mais qui devaient jouer leur rôle au moment de l’armistice, Outre les bienfaits de sa « présence réelle », le chef-d’œuvre du Vieux, ce fut la réalisation du commandement unique, qui assura, selon le mot de Maurras, la « monarchie