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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

ce même Léon Daudet, qu’ils me reprochent de tolérer, me notait chaque jour d’infamie, et c’était ma réponse que la censure blanchissait. (Rires.)

On fait des campagnes contre vous. Vous vous en étonnez ? Voilà cinquante ans qu’on en fait contre moi ! Quand m’a-t-on entendu m’en plaindre ? Il m’est arrivé de répondre, de dédaigner, de ne pas lire : et c’est là le meilleur remède. Vous voulez que j’arrête toute attaque contre vous ? Et pourtant, à mes débuts, vous applaudissiez quand j’annonçais la suppression de la censure politique. Je n’arrêterai pas les campagnes et si vous voulez un gouvernement qui les arrête, choisissez-en un autre que le mien.

Les républicains ne doivent pas avoir peur de la liberté de la presse. (Applaudissements prolongés.)

La question sera posée avec vous, contre vous ou sans vous, selon qu’il vous conviendra. La liberté de la presse doit être respectée par tous et pour tous. Vous avez à votre disposition les journaux, la tribune dont usait à l’instant M. Painlevé. De quoi vous plaignez-vous ? Il faut savoir défendre la liberté autrement que par des gesticulations et des vociférations.

La première doctrine, c’est la liberté ; la seconde, c’est la guerre, et c’est ainsi qu’il faut tout sacrifier à la guerre pour assurer le triomphe de la France. Il m’est arrivé un grand malheur le jour où ce Ministère est né : j’ai été frappé d’exclusive par M. Renaudel et ses amis ; ils ont décrété que j’étais un danger pour la classe ouvrière et pour la défense nationale.

La classe ouvrière n’est pas votre propriété, messieurs. Les mains de MM. Renaudel et Thomas ne sont pas plus caleuses que les miennes : J’en suis fâché pour eux, mais ce sont des bourgeois comme moi ! (Applaudissements.)

Non, je ne suis pas un danger pour la classe