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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

journée et, en quelque sorte, la préface de celle du lendemain, qui vit la réunion de Doullens. Doullens constitua la plus grande heure historique de la guerre. » Clemenceau était décidé à exiger des Alliés l’unité de commandement. Les circonstances soutenaient sa volonté.

Il existe de nombreux comptes rendus de la réunion historique de Doullens. Vers quinze heures partaient, en auto, pour Compiègne, Poincaré, lord Milner, Clemenceau, Loucheur, les généraux Foch et Mordacq. Ils y arrivèrent vers 16 h. 30. La conférence commença aussitôt, en l’absence du maréchal Haig et du général Wilson. Pétain prit la parole et fit un exposé complet de la situation, ajoutant que la 5e armée anglaise ne comptait plus. Lui-même, pour boucher le trou, disposait de 15 divisions. Après lui, Foch insista sur la nécessité d’agir vite et massivement dans la région d’Amiens. Lord Milner demanda que la suite de la discussion fut remise et eut lieu le lendemain à Doullens, en présence du maréchal Haig et du général Wilson. Clemenceau fut de cet avis. Lord Milner pensait à faire confier à Clemenceau la direction générale de la Guerre, avec Foch comme conseiller technique. Mais Foch montra les inconvénients de cette solution.

Doullens était à mi-chemin entre les G. Q. G. anglais et français. Le 26 mars, donc, à 11 heures, Clemenceau et Mordacq arrivaient sur la place de la Mairie, suivis peu après de Poincaré et du général Duparge. Clemenceau, comptant réussir, avait la mine joyeuse. Poincaré était un peu déraidi. Foch était calme et optimiste, Pétain soucieux. On se promena par groupes. Foch fit la fameuse déclaration  « mon plan n’est pas compliqué, je me battrai