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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

partout et je finirai bien par ébranler le boche ; il n’est ni plus malin, ni plus fort que nous : « Qu’il est beau ! » murmurait Clemenceau, pris soudain d’une tendresse fraternelle pour « l’élève des Jésuites ». Peu après midi survint lord Milner, accompagné de Haig et de Wilson. La conférence proprement dite commença à midi-vingt.

Sur interrogation, le maréchal Haig affirma qu’il ne songeait pas à évacuer Amiens. Puis Pétain fit un exposé assez sombre de la situation. Lord Milner, attirant à part Clemenceau, lui proposa de confier la direction générale de la guerre à Foch. Clemenceau consulta Pétain qui, avec sa grandeur d’âme naturelle, accepta, dans le même temps que le maréchal Haig affirmait à lord Milner sa confiance en une telle solution. La convention suivante fut signée :

« Le général Foch est chargé, par les Gouvernements britannique et français, de coordonner l’action des armées alliées sur le front occidental. Il s’entendra, à cet effet, avec les généraux en chef, qui sont invités à lui fournir tous les renseignements nécessaires. »

Ce n’était pas encore, au sens plein du terme, l’unité absolue du Commandement. Mais c’en était le début. Les Anglais repartirent aussitôt. Les Français déjeunèrent ensemble. Ils rentrèrent à Paris vers 8 heures du soir. Peu après le général Pershing venait dire à Clemenceau et à Foch :

« L’heure est grave. Je mets toutes mes troupes à votre disposition. »

Le 1er avril, Clemenceau s’étant rendu au front, à Rouvrel, n’échappa à la mort que par miracle.