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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

de 1870, pénétrant dans le cabinet de l’Empereur, le 15 septembre : « Votre Majesté, la bataille est perdue », que ce mot, qui lui valut sa disgrâce, était l’expression exacte de la vérité.

Or, après le drame du 27 mai, aujourd’hui encore assez confus, un autre drame, de sens contraire, eut lieu. L’attaque, ou reprise du feu, couronnée de succès, de Mangin à Méry Courcelles, le 11 juin.

Pour ce haut fait, dont seule l’Action française marqua l’importance, il faut consulter l’ouvrage du commandant Laure, aujourd’hui général, intitulé : Au 3e bureau du 3e G. Q. G. (préfacé par le général Buat), un des maîtres livres de la guerre[1]. Ce chapitre est intitulé : « La contre-attaque du 11 juin sur les plateaux entre Matz et Aronde. » L’assaillant était un des meilleurs chefs allemands von Hutier. Le général Fayolle, grand chef lui aussi, projetait une contre-offensive d’Ouest en Est, dans le flanc de von Hutier, qui continuait la poussée vers le Sud : « Pour l’application de cette conception hardie, il faudra un chef qui ait avant tout de l’audace et la foi dans le succès, un chef qui ne s’embarrasse point des lenteurs et des impédiments de l’attaque classique. » Le choix se porta sur Mangin, qui commandait le IXe corps à la 1re armée. À Prouleroy eut lieu une conférence solennelle dans la bibliothèque du vieux château. Mangin était arrivé seul, sans état-major. « Le général Jacquot s’était mis sous ses ordres, et lui avait offert le concours de son état-major, de son artillerie, de son aviation, de son dispositif de bataille. » Sur un grand billard était installé le plan directeur de la bataille en vue.

  1. Librairie Plon, 1921.