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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

Duval, et le chef des Renseignements généraux Joseph Dumas, compère et dénonciateur de Vigo dit Almereyda. Joseph Dumas s’était approché de moi, qu’il haissait, et m’avait assuré de ses sentiments de vive sympathie. Je savais qu’il était à fond de la bande Caillaux-Malvy, de ceux qu’on appelait « les conjurés de Veules-les-Roses ». Brusquement une sorte de murmure heureux traversa la grande cour du Palais Médicis, que j’avais franchie si souvent pendant les séances de la commission d’instruction, gravit les escaliers, rejoignit des bourdonnements de couloir et un huissier patriote vint me dire à l’oreille, quelques secondes avant la deuxième partie de ma déposition (J’étais le second témoin, après cet ahuri de Painlevé) : « Mangin, grande victoire. » C’était l’offensive de Château-Thierry, déclenchée par Mangin le 18 juillet, annoncée à l’état-major de la Morlaye par un télégramme de Pétain : « C’était la première fois — dit Mordacq — depuis une année, que nous ne subissions plus la volonté de l’adversaire, et que nous cherchions, au contraire, à lui imposer la nôtre. »

C’est là le plus bel exemple de synchronisme connu et qui prouve à quel point la poursuite des traîtres et espions à l’intérieur vient en aide à la victoire militaire. On peut même dire que poursuite et victoire ne font qu’un.

De juillet à octobre, l’activité de Clemenceau ne se ralentit pas et ses très nombreuses visites aux états-majors et aux poilus apportaient aux premiers l’esprit de conciliation et de bonne entente, aux seconds le réconfort et l’en avant qui émanaient de lui. Presque chaque jour il visitait tel ou tel point de la ligne de combat et n’était jamais plus content