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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

et gaillard que lorsqu’il se sentait en danger au milieu des combattants. Ses rapports avec Foch étaient encore, à ce moment-là, très affectueux. Il n’en était pas de même avec les parlementaires, notamment avec les députés qui continuaient de le harceler et de lui imposer des discussions et des fatigues supplémentaires, cependant que Poincaré, secrètement envieux de sa popularité à l’armée et dans le pays, ne cessait de le bombarder de lettres pluvieuses et grinchues.

Connaissant la police de Sûreté Générale comme je la connaissais et la sachant, de longue date, farcie d’agents allemands, mon étonnement était qu’aucun attentat n’eût été encore dirigé contre Clemenceau, dont il était clair, pour les gens au courant, à partir de la fin de ce mois de juillet 1918, qu’il allait battre l’ennemi. Il me fut répondu par une personne compétente, — et pour cause — que cette heureuse immunité dont bénéficiait le Père la Victoire tenait, d’une part, au procès Malvy et à ses révélations, de l’autre à la crainte de terribles représailles. Mais plus tard, on verrait. Et en effet l’on vit,

À propos du procès de Haute-Cour, le général Mordacq écrit :

À ce moment se déroulait le procès Malvy et je me rappelle fort bien qu’à notre retour, quand M. Mandel fit connaître au Président les dépositions de MM. Ribot, Viviani et Briand, M. Clemenceau en fut stupéfait et resta plusieurs instants sans rien dire. Il nous exprima ensuite son indignation de voir les hommes les plus éminents du Parlement hésiter à nous débarrasser de cet ancien ministre de l’Intérieur qui avait fait tant de mal à son pays. Évidemment, après toutes les visites que nous venions de faire au