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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

droit d’achever l’œuvre grandiose qui les sacre pour l’immortalité !

Que veulent-ils ? Que voulons-nous nous-mêmes Combattre, combattre victorieusement encore et toujours jusqu’à l’heure où l’ennemi comprendra qu’il n’y a plus de transaction possible entre le crime et le droit. Nous serions indignes du grand destin qui nous est échu si nous pouvions sacrifier quelque peuple, petit ou grand, aux appétits, aux rages de domination implacable qui se cachent encore sous les derniers mensonges de la barbarie.

J’entends dire que la paix ne peut être amenée par une décision militaire. Ce n’est pas ce que visait l’Allemand quand il a déchaîné dans la paix de l’Europe les horreurs de la guerre. Ce n’est pas ce qu’il annonçait hier encore quand ses orateurs, ses chefs, se partageaient les peuples comme bétail enchaîné, annonçant chez nous et réalisant en Russie les démembrements qui devaient faire l’impuissance du monde sous la loi du fer.

La décision militaire, l’Allemagne l’a voulue et nous a condamnés à la poursuivre. Nos morts ont donné leur sang en témoignage de l’acceptation du plus grand défi aux lois de l’homme civilisé. Qu’il en soit donc comme l’Allemagne a voulu, comme l’Allemagne a fait. Nous ne chercherons que la paix et nous voulons la faire juste, solide, pour que ceux à venir soient sauvés des Abominations du passé. Allez-donc, enfants de la patrie, allez achever de libérer les peuples des dernières fureurs de la force immonde ! Allez à la victoire sans tache ! Toute la France, toute l’humanité pensante sont avec vous.

Les lignes, simples et droites, de la pensée de Clemenceau ne sont pas encore dégagées des