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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

croyances indélébiles de sa race et de sa famille, et c’est d’ailleurs mieux ainsi. Son âme, généreuse et idéologique, a forcé les obstacles, que l’on croyait insurmontables, de l’affaissement, et, comme il dira plus tard, du « dilettantisme », du parlementarisme, de l’affaire de Panama, de l’affaire Dreyfus, dont les derniers remous semblaient avoir quitté son génie magnanime, fait de présence, de dévouement, de méthode, et de calme.

Depuis juillet 1917, Clemenceau est, sans le savoir, un héros, un des plus grands et des plus significatifs que l’humanité ait connus. Quand il s’en va au front, dire bonjour à Notre-Dame-la-Mort, en état complet d’incroyance, — du moins il le suppose — sa foi en la Patrie a remplacé la foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ. Son « conte de bonne femme », c’est la Revanche. Mais les forces extraordinaires, on peut dire sublimes, que lui a fournies la Providence, l’ont mis en mesure de sauver la Patrie.