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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

instant et que notre offre de paix arriverait alors au moment le plus défavorable, qu’il avait la sensation de se livrer à un jeu de hasard, qu’à tout instant et en n’importe quel point, une division pouvait manquer à son devoir.

Au conseil de cabinet du 3 octobre à Berlin, le maréchal Hindenburg présenta la note que voici :

Le commandant suprême s’en tient à la demande qu’il a faite le lundi 29 septembre, d’expédier immédiatement à nos ennemis une offre de paix.

Par suite de l’écroulement du front de Macédoine, de l’affaiblissement consécutif de nos réserves sur le front occidental et de l’impossibilité de compenser les pertes considérables que nous avons faites dans les batailles des jours derniers, il n’y a plus d’espoir, autant que l’homme peut en juger, d’imposer la paix à l’ennemi.

Nos adversaires, de leur côté, mènent constamment à la bataille de nouvelles réserves de troupes fraîches.

L’armée allemande tient encore, solidement organisée, et repousse victorieusement toutes les attaques. Mais la situation devient de jour en jour plus tendue et peut obliger le Haut-Commandement à prendre des résolutions lourdes de conséquences.

Dans ces conditions, il est souhaitable de mettre fin à la lutte pour épargner au peuple allemand et à ses alliés des sacrifices inutiles. Chaque jour perdu coûte la vie à des milliers de braves soldats.

À ce même conseil, Guillaume Il déclara : « La direction suprême de l’armée pense que l’armistice est nécessaire. » Il ajouta, pour Max de Bade : « Tu n’es pas ici pour lui créer des difficultés. » Étrange