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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

chose que l’humanité, surtout académique, ne trouvez-vous pas ?

Capus avait son petit rire philosophique, accompagné de la chute du monocle, qui lui servait d’échappatoire. Clemenceau était touché de cette insistance et il prisait fort les articulets de l’auteur de la Veine dans le Figaro. Tous deux s’entretenaient de l’Évolution et de Darwin, que Capus connaissait à fond. C’est ainsi, et dans l’assentiment général que fut réglée la question de l’Académie. Sans sortir de son fauteuil de la rue Franklin, le Vieux fut transporté dans celui de l’Académie.

À la Goncourt, président Gustave Geffroy, l’ami de toute la vie de Clemenceau, nous envoyâmes, aussitôt après l’armistice, au Père la Victoire, d’un cœur ému, la lettre que voici :

« Aux acclamations du monde entier, célébrant votre œuvre triomphale, permettez à l’Académie Goncourt de joindre le familial hommage de son admiration.

Vous avez dit « je fais la guerre » et votre voix impose silence aux faiblesses et aux trahisons ; votre volonté, subjuguant la victoire, chasse les envahisseurs par delà les frontières, rend à la France les départements de l’Alsace, le sol de la Lorraine enfin désannexé.

Soyez salué au nom des fondateurs de notre Académie : Edmond et Jules de Goncourt, fils de la Lorraine. Par vous, sur leur tombe, a plané l’immense nouvelle annonçant que le pays de leurs ancêtres, décidément arraché à l’ennemi, cessait de connaître le démembrement et la servitude…

Avec leur drame, la Patrie en Danger, Edmond