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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

rité nettement réactionnaire, qui devait son élection à Clemenceau. C’est alors que Poincaré et le maréchal Foch, qui détestaient le Vieux pour des raisons différentes, notamment pour son franc-parler et, quand c’était nécessaire, ses brusques sorties, c’est alors que Deschanel, déjà atteint d’une forte pointe d’aliénation, c’est alors que le cardinal Amette, maître fourbe, soufflé par le sinistre cardinal Gasparri, germanophile enragé, commencèrent, contre la candidature tacite du Père la Victoire, une campagne de tous les instants. Celle-ci portait sur l’ambassade auprès du Vatican et sur le Nonce à Paris.

Le point culminant de l’affaire fut une visite que le papa Groussau, médiocre et bien intentionné, et ses collègues catholiques du Nord firent au président du Conseil, au début de janvier 1920, pour lui demander s’il serait opposé au rétablissement de l’ambassade et à l’installation d’un Nonce à Paris. Clemenceau leur répondit, sans ambages, que telle était son intention et leur en donna les raisons. Il rappela que, par la nature des choses, un Nonce serait toujours porté à se mêler des affaires de politique intérieure de la France, que cela avait toujours paru inadmissible à lui, Clemenceau, et paraîtrait toujours inadmissible aux patriotes français. Au surplus, il avait dû, naguère, faire partir de France, dans les vingt-quatre heures, le Nonce Montagnini, coupable de collusion électorale avec M. Jacques Piou, chef de l’Action Libérale.

Cette réponse, jointe au fait que Clemenceau ne posait pas sa candidature, par un entêtement bizarre, vouait la fameuse candidature à l’échec. C’est ce que ses meilleurs amis, et les plus dévoués, essayèrent en vain, quant à son silence incompréhen-