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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

qui ont laissé des séquelles dans les administrations et dans la bonne et « consolante » société parisienne. « Où foutons-nous le Nonce ? » dit la virago républicaine à son mari, devant la table servie, dans un dessin célèbre de Forain. C’est là qu’est-le danger. Nous nous en sommes, à l’Action Francaise, aperçus. Le premier Nonce, restauré dans ses fonctions, fut Mgr Cerretti, ami personnel, comme Gaspari, d’une foule de salonnards, en France et en Allemagne, et, en outre, de mœurs légères et pire, qui le jetaient dans les pattes de la police politique, par la voie des Renseignements généraux. À la Chambre, les escapades secrètes dudit Cerretti — surtout quand celui-ci, rieur macabre, avec d’énormes palettes dentaires, se tenait au premier rang de la tribune diplomatique — étaient un sujet de plaisanterie courant. On citait les noms, les adresses. Congestif, cauteleux, Cerretti le savait et en rageait. J’ajoute que j’avais personnellement jeté au feu deux dossiers de « partouzes » le concernant. Je me contentais de plaindre ses partenaires !

Inutile de dire que Briand et Philippe Berthelot, se faisaient communiquer régulièrement les notes de police, concernant ce Nonce effervescent, et s’en payaient des bosses interminables. Je ne fis jamais état, à la Chambre, de ma connaissance du sujet, Mais si j’avais prévu la campagne, farcie d’immondes ragots, que ce drôle mènerait contre l’Action Française et ses chefs, j’aurais fait, tranquillement, à la tribune, quelques lectures édifiantes, que le président Péret — l’homme des dix mille francs par mois du financier Oustric — n’aurait certes pas interrompues. Aussi, chaque fois que j’attaquais Briand, publiquement, pour ses amorces de trahison et abandons de 1921, avais-je soin de me