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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

d’une projection au delà de nous-mêmes qui lance l’imagination au-devant de fuyantes lueurs où nous cherchons, comme dans la nuit, les premiers signes de la prochaine aurore, avec le bonheur d’anticiper en rêve sur les espoirs du lendemain. L’imagination, soit, Mais d’un effet puissant, jusque dans ses erreurs qui seront redressées, puisqu’elle éclaire la voie. N’ai-je pas déjà noté que l’imagination ne crée rien, tout son effort étant d’agrandir des parties d’observation, au risque de les déformer ? Qu’importe que l’étoile à laquelle nous marchons soit d’un prochain jet de flamme, ou au plus loin de l’espace, d’un immense embrasement d’incendie. Elle aura brièvement illuminé la route d’une vie éphémère, et nous aurons marché.

Et enfin voici pour la « révélation » matérialiste… ô comble de l’illusion !

Alors le jour d’une connaissance du Cosmos, en sa maîtrise universelle, est venu. Le jour de l’homme, puisque l’éternelle « nature des choses » va se voir directement demander des comptes par une postérité d’intelligences capables de regarder l’Infini sans pâlir. Suprême magnificence des féeries positives de l’atome aux courses infinies des astres enflammés, dont les incendies s’achèveront aux activités des organismes vivants et pensants, qui oseront questionner l’univers, et, pour dernière merveille, en recevront des réponses. Qu’est-ce que les pauvres miracles des livres saints en comparaison de cet éblouissement ?

Délivré de l’obsession divine, l’homme s’arroge, en effet, le droit d’un jugement subjectif du Cosmos où il est inclus, Il se découvre infime, mais capable, pourtant, d’une réaction de pensée personnelle sous la loi