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Page:Léon Daudet – La vie orageuse de Clemenceau.djvu/316

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LA VIE ORAGEUSE DE CLEMENCEAU

dans l’obus qui contient le grand et le tout sera disposé à côté de moi.

Je nomme mon très cher ami Nicolas Piétri mon exéculeur testamentaire et lui adjoins Me Pournin, avocat, et mon fils Michel, et je les remercie de la peine que cela pourra leur donner.

Fait à Paris, le 28 mars 19929,

Georges Clemenceau. »

J’ai vu des milliers de personnes debout, frémissantes, écouter, les yeux pleins de larmes la lecture de ce testament grandiose.

Peu de mois après, et comme il le pressentait, lui médecin, l’urémie se saisit de Clemenceau. Assisté de la seule sœur Théoneste, il eut une agonie douloureuse. On l’entendit gémir et même crier. Il fut entouré de soins admirables. Sa tête demeura intacte jusqu’au bout. La France entière suivait, atterrée, les progrès du mal. De nombreux prêtres prièrent pour lui avec une ferveur singulière.

Ainsi mourut dans la 89e année de son âge, ce grand homme, sauveur de sa Patrie, jouet, d’un bout à l’autre, d’une Providence, secourable et pathétique, qui lui permit de réaliser son dessein majeur, et à laquelle il ne croyait pas.

Ce 28 mars 1938.
FIN