une incarnation. Il descend des images et personimages héréditaires, pour régler nos mouvements et nos échanges, qu’il léguera ensuite à nos descendants.
L’habitude que j’ai de la parole en public m’a permis de faire, dans cet ordre d’idées, un certain nombre d’observations, que j’énoncerai brièvement ici :
1° Insensible en général dans la conversation courante, la phase d’avant-mot devient quelquefois sensible, ou même douloureuse, pour l’orateur en public. Un trou apparaît soudain dans sa pensée, rempli de vagues linéaments de souvenirs, quelquefois fort indifférents, ou d’une sorte de pâte verbale embryonnaire. Il faut alors un effort de volonté, accompagné de sueur et de tressaillements, pour franchir ce stade douloureux.
2° Souvent, chez qui parle en public, le mot appelle le mot, par simple sonorité ou affinité dans une même personimage, et entraîne la pensée, devenue serve, dans une direction imprévue. L’intervention du soi n’est jamais plus sensible que dans un discours tendant à persuader et à émouvoir, ayant un commencement, un milieu et une fin. L’orateur véritable doit rester le maître de ses images et de leur enchaînement.
3° Quand l’orateur parle, ses personimages, se succédant en lui et l’animant, se transmettent par l’ouïe et la vue à son auditoire, où elles font lever des personimages analogues, les unes en accord,