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LE MONDE DES IMAGES.

quotidien, qui consiste à adapter des mots, c’est-à-dire des images d’images, aux personnages affleurant sur l’écran de l’esprit. Son style est souvent lourd et embourbé, chargé des considérations historiques, économiques, philosophiques, qui donnent tant de prix à ses histoires, mais ont l’air de lourds paquets, posés entre les jolis petits pieds de ses charmantes héroïnes. Son instinct génésique est formidable et suscite, dans sa mémoire héréditaire, de vrais tourbillons à la Descartes, tels qu’on les voit, giratoires et précis, dans les éditions rares du vieux philosophe.

De ce qui précède, il résulte que la conception créatrice est la même, qu’il s’agisse d’un être humain, ou d’un chef-d’œuvre littéraire. Dans l’un comme dans l’autre cas, nous voyons une forte combinaison héréditaire — circonstancielle, (où l’hérédité l’emporte de beaucoup sur la circonstance), le principe femelle, mise en mouvement par une étincelle mâle, où la circonstance l’emporte sur l’hérédité. Dans l’un et l’autre cas, qu’elle soit vivante ou verbale, l’origine de la vie apparaît comme explosive, comme le développement instantané d’une longue involution. Cet instantané, dans le cas de la durée de l’individu humain, correspond à neuf mois, plus quatre-vingt à quatre-vingt-dix ans environ. Cette longue involution, qui est celle des personimages héréditaires à travers le temps, échappe à nos calculs. Pour rendre la chose plus sensible, je suppose qu’un opérateur de cinéma