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LE MONDE DES IMAGES.

liers, sans intervention, au moins sensible, de notre volonté personnelle. La lumière du soi n’agit plus que très faiblement sur ces prolongements organiques, somatiques, fonctionnels des hérédosphères. Tout le problème de la guérison, en cas d’altération de ces organes, consiste à renforcer cette faible lumière. Le passage de l’état d’oubli à l’état de mémoire exige déjà un effort, une contention, qui peuvent atteindre à l’angoisse et au vertige. Il en est ainsi, par exemple, dans un examen, quand une question précise, posée au candidat, sollicite une réponse immédiate, et quand le candidat « cherche dans sa tête », avec la peur d’un zéro pointé. Tout le monde connaît les idées folles, débris d’images et approximations, ou au contraire figures aberrantes, qui vous passent alors par l’esprit, cependant que quelque chose en nous (qui est le soi) poursuit fiévreusement son enquête. Ce malaise spécial, accompagné de satisfaction, quand l’oubli cesse, quand le terme cherché, ou la date, ou la formule, ou le fait sortent de l’ombre et émergent en pleine lumière, ce malaise est profond et ressenti par tout l’organisme. Il va jusqu’à activer les sécrétions.

Le procédé de l’esprit (région du soi) pour sortir de l’oubli, consiste à mettre en mouvement et en lumière toute une hérédofigure, ou tout un ensemble d’hérédofigures (dans le cas de recherche d’une abstraction). Cela jusqu’au moment où le pinceau lumineux frappera l’objet de mémoire recherché. La giration est ici très sensible, comparable à celle d’une