Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/233

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Le passage de l’état d’omission à l’état de mémoire (personnelle bien entendu, car l’héréditaire échappe à nos efforts, étant en général soudaine et spontanée dans ses apparitions) cette transition s’opère sans difficulté. Notre soi recherche une circonstance donnée, un paysage donné, un mot donné. Il éclaire la ou les personimages correspondant à cet appel. L’omission cesse, et la rotation des sphères héréditaires amène presque aussitôt à la connaissance d’autres segments chargés de circonstances, de paysages, de mots. C’est le phénomène décrit naguère sous le nom d’association des idées. À mesure que les sphères tournent, l’omission, puis l’oubli se déplacent, par le déplacement des cônes de pénombre et d’ombre. Chacun peut, avec quelque attention introspective, constater en soi ces apparitions, disparitions, réapparitions imagées, circonstancielles et verbales.

Il en est de même pour les mouvements, les gestes, les attitudes correspondant aux sentiments, et pour ces groupes de mouvements, participant de la mémoire personnelle et de la mémoire héréditaire, avec prédominance de cette dernière, que l’on appelle des réflexes.

Chacun de nos organes possède une mémoire fonctionnelle héréditaire, qui permet au foie de sécréter la bile, au rein de remplir son rôle de filtre, au poumon de procéder aux échanges respiratoires, au système nerveux central et sympathique de surveiller et réglementer le travail de ces ate-