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L’ÉLIMINATION DES PERSONIMAGES.

il n’y a aucune induction à tirer du sommeil quant à la mort. Nous constatons, dans la mort, une disparition progressive des prolongements verbaux, fonctionnels, puis somatiques, des hérédofigures, une sorte de mue physique. Cette mue est également cyclique, survenant, pour l’homme, dans le cas le plus favorable, après une période au maximum approximatif d’une centaine de révolutions de la terre autour du soleil, sauf les cas de maladie ou d’accident. On ne voit pas ce que cette mue pourrait modifier au flamboiement du soi, ni au rythme des sphères spirituelles, ainsi libérées de leurs alourdissements corporels. C’est pourquoi la survie de l’âme individuelle, qui semble, à beaucoup de personnes inattentives, si inconcevable, m’apparaît au contraire comme ce qu’il y a de plus rationnel et de plus conforme à tout ce que nous savons de notre nature et de sa continuation. L’immortalité de l’âme humaine est amorcée visiblement dans les enchaînements de la continuation héréditaire, sans que cette dernière, d’ailleurs limitée, fasse double emploi. Chaque humain est un univers complet, animé spécialement, d’où se détachent, par la conception et la naissance, d’autres univers, qui n’abolissent ni ne remplacent les générateurs.

Des nombreuses observations faites sur le rêve et les rêveurs, il résulte que quelques rêves reviennent périodiquement : les uns déterminés par des positions ou réflexes musculaires et fonctionnels donnés, les autres par des émotions ou des états