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LE MONDE DES IMAGES

bles de mesurer, d’enregistrer, d’accumuler la volonté humaine à l’état naissant, c’est-à-dire non encore dépensée en mouvements musculaires et en paroles. Nous manquons aussi d’appareils capables d’enregistrer les images et les personimages, en un mot d’imagographes, qui seraient aux hérédofigures ce que le phonographe est à la voix et le cinématographe au mouvement de la vie. Cette première lacune une fois comblée, ce sera déjà un grand pas de fait dans la voie des rectifications héréditaires par l’exercice soutenu du vouloir.

Je ne me dissimule pas que certains points de vue, abordés au cours de la présente étude, choqueront les idées reçues de beaucoup de naturalistes, de psychologues et de médecins. Les naturalistes parce que la doctrine de l’évolution leur parait un bon oreiller pour dormir ; les psychologues, parce qu’ils sont accoutumés à considérer les idées comme des parcelles reliées les unes aux autres, sans aucune espèce de forme et de substance, à l’aide du fil association. Vous tirez sur l’une et les autres viennent ; c’est extrêmement simple. Les médecins, parce que, pour beaucoup d’entre eux, le mécanisme de la pensée humaine n’est pas un problème, depuis les localisations cérébrales et les neurones. Ceux-ci et celles-là ont réponse à tout. Or je considère, au contraire, que ces quatre préjugés ont complètement inhibé et arrêté les études de l’esprit humain depuis un quart de siècle ; cependant que, d’un autre côté, l’intuitivisme de M. Bergson, prolonge-