Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/44

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naissance à la mort, la bobine se déroule de la sorte, pour recommencer à la génération suivante, sans lien héréditaire, visible ou supposé.

Conception enfantine et simpliste, qui a pesé d’un poids continu sur les méthodes et travaux analytiques et synthétiques, de 1850 à nos jours. On a perfectionné la recherche. On a laissé de côté l’instrument même de la recherche, le mécanisme de l’intelligence ; il en est résulté, dans le domaine philosophique, une étrange stérilité. Ni la philosophie, ni la psychologie n’ont fait un pas depuis les travaux de Claude Bernard et les utiles remarques de Ravaisson et de Lachelier. Les constructions ingénieuses, mais faibles, de Bergson, par le détour de l’insensibilité et de l’intuitivisme, nous ramènent à l’Inconscient germanique et à l’affaiblissement émotif de l’intelligence, où la rêverie remplace la raison. Cette stagnation est dangereuse quant à l’avenir, pour plusieurs motifs, dont le principal est qu’elle conduit à l’épuisement par manque de perspectives intérieures. La science et l’art se développent par bonds, dont le point de départ est tantôt une conception générale de l’univers, tantôt une conception générale de ce qui conçoit l’univers. L’introspection est à l’origine de tous les perfectionnements humains. Elle est le réservoir de la découverte, et je crois fermement que, bien réglée, elle peut devenir le mécanisme de la découverte à volonté. Le gnôti séauton est le fondement de la connaissance universelle.