mêmes. Mais combien rare est cet ordre d’ébranlement, à côté de l’autre : celui de l’idée, même abstraite, par l’émotion ou le désir, tremplin de l’émotion. Le savant, le mathématicien, l’astronome, quand ils plongent dans leurs froids calculs et dans leurs contemplations algébriques et stellaires, obéissent à l’impulsion d’une personimage émotive, sur laquelle leur attention n’est pas attirée, ou qu’ils oublient dans leur zèle laborieux.
Alors que je ne faisais moi-même qu’entrevoir l’étendue et la complexité du problème héréditaire et son rôle dans la formation de la personnalité humaine, j’ai entendu un très grand médecin aborder ce thème délicat. Il y avait là d’autres médecins, des littérateurs célèbres, des artistes, qui l’écoutaient avec une admiration mêlée d’une demi-incompréhension. Ce très grand médecin, d’ailleurs illustre, et d’une pénétration introspectlve extraordinaire (c’était la forme même de son génie) s’exprimait à peu près ainsi : « Étant gamin, je suis entré un jour, par mégarde, dans la chambre où la bonne faisait sa toilette. C’était une très jolie fille, dont les cheveux bruns pendaient sur les bras blancs, les épaules rondes et les reins nus. Ce spectacle inattendu provoqua en moi une émotion extraordinaire, où l’attrait du défendu se mêlait au sentiment précoce de la beauté. Il y a de cela une cinquantaine d’années. Or, écoutez ceci : quand je suis, encore maintenant, sur la piste d’une conjonction importante entre l’anatomie et la clinique,