Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/56

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quand je suis en genèse d’un schéma ou d’un problème malaisé, je revois ce dos gras, ces reins et leurs fossettes, ces cheveux noirs, ces bras ronds, et cela m’aide dans mon travail et je sais que la solution est proche. Comment cette vision sensuelle, après tant de temps écoulé, active-t-elle encore mon cerveau ? Parce que ce genre d’émotion propulse l’idée, la rend cohérente et (c’est cela le singulier) parfaitement claire ».

Je dirais, aujourd’hui que je commence à m’y reconnaître dans cet écheveau : « Parce que le désir, mon cher maître, suscitait en vous une personimage, qui elle-même en suscitait une autre, puis une autre, qui, elles, vous apportaient, par leur coopération, la clé du problème. Ainsi, des aides de laboratoire apportent leurs résultats au professeur, qui les groupe, les coordonne et en tire la conclusion. » Les hommes de génie seraient modestes, s’ils connaissaient le nombre et la qualité familiales de leurs auxiliaires intérieurs, de leurs artisans de reviviscence.

La persistance des impressions d’enfance — en matière surtout d’émotion sexuelle — demeure ainsi, au cours de la vie, une introductrice de protagonistes héréditaires, qui agissent à leur tour sur la procréation et la descendance. Les personimages se transmettent, en ligne directe et collatéralement, avec plus ou moins de stabilité et de fréquence, d’adhésion et d’ampleur, de précision et de netteté. L’hérédo, chez qui le soi ne réagit guère, est sub-