Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/60

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occupe, la plus importante. Elle nous montre, du début à la phase ultime du gâtisme, une suractivité et une multiplication des personimages (délire des grandeurs), accompagnées et suivies d’effacements brusques et soudains (délire mélancolique), le tout accompagné d’hallucinations véritables et d’une usure et décomposition des supports nerveux, d’une fonte bacillaire des méninges et du cerveau. Encore une fois, cette diathèse terrible ne crée rien ; elle détraque et grossit les phénomènes normaux. En les détraquant, en les grossissant, elle les décèle ou les signale.

La force et le nombre des personimages héréditaires causent l’orgueil et le nourrissent. La disparition, l’effacement de ces personimages créent la mélancolie et l’alimentent. L’être le plus sain connaît ces alternatives et soubresauts, ces hauts et ces bas.

Celui qui commande à beaucoup d’hommes conçoit de lui-même une haute idée, s’il n’est un prophète ou un saint. Celui qui sent vivre et frémir en lui un peuple d’images cherche à les imposer à autrui. Hors du cas divin et unique, il n’est apôtre que de soi-même. Parfois ces images se solidifient en marottes, qui sont des chimères arrêtées, obsédantes et dévastatrices de tout ce qu’elles ne peuvent absorber. Il y aurait un important ouvrage d’ensemble à écrire sur les « marottiers », qui sont des doctrinaires d’innovations risquées, et s’attachent d’autant plus à leurs vaines conceptions qu’elles sont moins réalisables. Celui-ci a inventé un nouveau mode de scrutin, destiné à améliorer le