Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

système électoral. Celui-là détient un procédé physico-chimique, qui remplacera avantageusement la chaleur et l’électricité. Tel médecin considère que toutes les maladies dépendent de l’intestin, ou du nez, ou de la rate, tel autre qu’elles tiennent au vin et à l’alcool. J’ai vu laver des estomacs — opération inutile et dangereuse, — couper des amygdales et des ovaires sans raison, pendre des ataxiques par le menton. J’ai vu soumettre de malheureux malades à des régimes absurdes et débilitants, hydratés, végétariens, macaroniques, en vertu de théories fausses, de conceptions a priori et stupides. J’ai vu un grand homme comme Charcot soutenir mordicus une explication de l’hystérie et du somnambulisme qui ne tenait pas debout, uniquement parce qu’elle était de lui et qu’elle lui avait semblé commode à un moment donné. J’ai lu des ouvrages menteurs consacrés aux localisations cérébrales qui ne localisent rien du tout, aux problématiques neurones, à l’inexistant ralentissement de la nutrition. J’ai constaté, chez certains « marottiers », un entêtement susceptible d’aller jusqu’à la sauvagerie et au cannibalisme ; car celui qui en tient pour une idée fausse, et qu’il pressent caduque, s’y attache désespérément, comme à un enfant condamné ou paralytique. Heureux encore quand le constructeur de marottes, placé sur le plus haut théâtre du monde, n’intervient pas dans les affaires publiques, son tableau noir à la main, pour les compliquer et les pervertir !