Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/68

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emplissent la littérature médicale et philosophique des cinquante dernières années, me semblent devoir s’expliquer facilement par l’intervention des personimages héréditaires. Ce sont autant de grossissements du phénomène courant et constant, qui consiste dans l’évocation, l’apparition, la persistance en nous d’un ou de plusieurs ascendants, sous l’influence d’une circonstance extérieure, d’un accident, d’un poison, d’une émotion vive, principalement d’une émotion sexuelle. L’acte d’imagination le plus humble, le plus banal, comme le plus relevé et le plus rare, résulte de cette évocation que je considère (voir l’Hérédo) ainsi qu’une sorte de gravitation intime. D’après cette vue, le monde intérieur ne se comporterait pas autrement que le monde extérieur, avec cette différence que la catégorie du temps y remplacerait celle de l’espace. Mais, alors que l’astronomie est une science exacte et déjà fort avancée, l’introspection balbutie encore. Cela s’explique par le fait que l’esprit doit y faire retour sur lui-même.

Le somnambule, le prétendu automate, l’ambulatoire, le dédoublé, etc… c’est vous, c’est moi, c’est nous, à bien des moments de notre existence, Il s’agit de phénomènes banaux, qui ne deviennent exceptionnels que par un effacement presque complet du soi devant tel ou tel protagoniste du moi, que par une circonstance analogue à l’éclipse. À esprit hanté, corps hanté. Quand un ascendant habite partiellement notre moral, il habite aussi