Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/78

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Je considère le delirium tremens, où les personimages acquièrent brusquement une force explosive, comme une greffe de l’intoxication alcoolique sur l’hérédosyphilis. Car il est bien évident que cette dernière ouvre largement la porte aux manies, phobies et philies de toute sorte, notamment à l’usage chronique des poisons mentaux et moraux.

Nous voici amenés à étudier, quant aux personimages et à leur dérèglement — allant jusqu’à l’aberration totale — ce que j’ai appelé l’aliénation morale, dont le degré le plus modeste est le vice solitaire et le plus haut la psychopathie sexuelle, ou inversion. Les lignes qui vont suivre s’adressent aux psychologues, aux médecins et aussi aux malheureuses victimes de ces maux encore mal étudiés, mal analysés et mal connus. Le remède en est dans la volonté, mais dans la volonté longtemps poursuivie et surtout, surtout, bien appliquée.

Un mal qui répand la terreur… ainsi définirai-je le vice solitaire, fréquent dans l’enfance, très fréquent dans l’adolescence, et prolongé parfois jusque dans la maturité. On peut dire de lui qu’il est la source de tous les troubles sexuels, qui plus tard dévieront et désoleront l’existence et feront, de leurs prisonniers, autant de parias anxieux et d’incoordonnés du sens moral. Il n’est personne de plus sage, de plus raisonné, de plus perspicace que l’enfant entre cinq et dix ans. Cet âge est un des principaux moments de l’être humain, par l’équilibre et l’harmonie des personimages qui président