Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/79

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à sa formation intellectuelle, et le grand Pie X avait vu juste en y rétablissant le sacrement de la première communion. Je suis père de famille. J’aime profondément les tout jeunes enfants, je les connais bien et je les observe avec sollicitude, à la lumière de mes connaissances médicales et psychologiques. De quatre et cinq ans à dix et douze ans, le soi domine et remporte sur le moi. La personnalité nouvelle se cherche et se trouve en gouvernant librement les images ancestrales. D’où cette impression d’invention perpétuelle, de génie, qu’ont notée tous les observateurs. Chez les enfants à propension littéraire et artistique, un certain style apparaît déjà, avec ses caractéristiques et ses nuances, son imprévu, sa ductilité, pour s’effacer et disparaître ensuite dans l’âge ingrat de la puberté.

Cet âge ingrat, est dominé par l’instinct génésique, sorte de feu propagateur de la race, héréditairement transmis, et qui vit, s’alimente et prospère par le développement des personimages. En effet, il les décoordonne, les enfle, les brise, les éparpille en une foule de sensations et de tableaux obscurs, aboutissant à une « aura ». De douze à dix-huit et vingt ans, l’être humain vit, selon la puissance de ce feu, dans l’aura sexuelle, sensuelle ou sensible. Cela se voit surtout chez les garçons et, à un moindre degré, chez les filles. L’hermaphrodisme, incomplet ou complet, résulte de la coexistence, pendant la conception et la grossesse, de deux personimages de sexe différent, dominant