leurs œuvres est un signe de décrépitude initiale. Des trois, le moins caduc est Émile Augier, grâce au filon de bon sens bourgeois, qui lui tient lieu de sève et de tuteur. Il est seulement fâcheux que naturellement antipoète (ce qui ne veut pas dire qu’il soit doué brillamment quant à la prose) il ait écrit parfois en vers ; car ceux-ci sont affreux et remplis d’une poussière spéciale, d’une cendre d’alexandrins, qui vous saute au nez et à la gorge. L’étonnant est que personne ne se soit trouvé, dans son entourage, pour le supplier, même à genoux, de renoncer à ces épouvantables machines versifiées, où Pégase, chaussé de pantoufles de feutre, semble projeter, dans le trou de l’infortuné souffleur, de mornes crottins. Les mauvais poètes ajoutent à la laideur d’ici-bas quelque chose de pire que l’ennui. L’aventure douloureuse de l’Aventurière prouve qu’Émile Augier visait au pittoresque et aussi, l’excellent homme, à la moralisation ! Mais est-il rien de plus démoralisant que la volonté de la fantaisie, dans l’absence de fantaisie, que ce qu’Henri Heine appelait « l’empaillement du clair de lune » ?
Dumas fils, plus nerveux et qui se croit cinglant, tend aussi à moraliser, dans un jargon où abondent les tirades et les mots cruels. Par une convention qui a sa marque, il introduit un raisonneur semblable à un robinet qu’on ouvre, et d’où coulent partout des maximes et sentences, puis qu’on referme avec un bon mot. Inutile d’ajouter que, vingt ans après, ces thèmes ont pris des cheveux blancs et bredouillent comme les vieux du répertoire. Mais les