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STUPIDITÉ DE L’ESPRIT POLITIQUE.

dorsale, ses humeurs pittoresques de mauvais chien, son incompréhension totale et envieuse de la grandeur vraie, et sa curieuse compréhension de certaines tares et de certains maux. Il a écrit, dans son style affreux de cantonnier ramasseur de crottin, quelques fortes pages de son Sainte-Hélène, parce que là, il reniflait le malheur. De même, à propos de la mauvaise conduite des sœurs de Bonaparte, il fait, étant comiquement mysogyne, d’amusantes réflexions sur la beauté corporelle antique de cette famille et, de là, sur son sens du clan. Mais, d’une façon générale, il est l’historien qui enfouit la gloire sous le fatras. C’est aussi la pétarade, sur l’épopée vaine et terrible, d’un homme qui a trop mangé de documents.

Tout a été dit, et trop bien dit pour y revenir, contre le code napoléonien, le partage forcé et les textes insanes auxquels nous devons la dépopulation subséquente de la France, avec la pulvérisation révolutionnaire des provinces et des métiers. Ce ne fut point perversité chez l’Empereur, mais bien sottise et infirmité d’esprit. Il bousculait ses jurisconsultes raisonnables et non serviles, comme il bousculait Talleyrand, s’imaginant, le pauvre type, faire le bonheur de « ses peuples ». C’est qu’il tenait de son éducation roussiste (aggravée par les méditations solitaires d’une imagination sans frein) cette conviction qu’il faut faire neuf et table rase des prédécesseurs, la révolution ayant apporté au monde étonné, mais récalcitrant, l’évangile des temps nouveaux. Cela, jusqu’à l’extrémité des terres