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CHAPITRE II

l’aberration romantique et ses conséquences

Alors qu’aux grandes époques, la Cité inspire (si elle ne la suscite) la littérature d’imagination, sous toutes ses formes, aux époques de faiblesse mentale, c’est la littérature qui commande la Cité et qui désagrège la politique, en alimentant les rhéteurs. Il y a ainsi une correspondance directe entre le tonus politique d’un siècle et son tonus littéraire, que leurs rapports réciproques soient normaux ou renversés. Le XIXe siècle français ne fait pas exception à cette règle. Ses hommes de lettres, souvent aberrants et aveugles quant aux lois de la maintenance nationale, y jouent un rôle politique de premier plan ; et la puissance de la raison et du bon sens semble être, chez eux, inversement proportionnelle à la richesse, au moins apparente, de la forme. Les deux premiers tiers du siècle sont occupés et même obstrués, par le romantisme. Le dernier tiers appartient à une dégénérescence romantique, qualifiée tantôt de réalisme et tantôt de naturalisme.