d’éducation morale, de croyance, aux mauvais contacts. Il ne comprend pas, ce Foutange, que l’odieux matérialisme dont il est un des représentants, que l’exploitation de l’homme par l’homme, que la science sans conscience sont les causes nécessaires et prochaines de toutes ces maladies qu’il étiquette de noms baroques et qu’il attribue à l’alcool, à la syphilis, à ce qu’il appelle des dégénérescences nerveuses. Il se lève, va à son tableau noir, tenant par la main une petite fille, triste danseuse de Saint-Guy. Il dessine les rapports, les jonctions des paralysies, hémiplégies, tétanos. Il dessine la lésion de l’enfant, et elle regarde son cerveau, stupide et terrifiée, ne comprenant pas comment il peut être à la fois là et dans sa tête, sa pauvre tête laide, trop grosse pour son corps, qui oscille et bat la chamade… Comme arguments, Foutange a fait venir d’autres malades atteints d’affections analogues à celle de la fillette et qui gambadent devant lui. Il rabâche ses formules : « L’hérédité, l’hérédité, l’hérédité. Son oncle est mort d’une congestion cérébrale. Sa grand-mère était incestueuse. N’est-ce pas, elle vivait avec votre père ? Dans leurs taudis, messieurs, ils s’accouplent comme des chiens. L’inceste est la règle. Ils conçoivent dans la débauche, après plusieurs bouteilles d’alcool. »
L’auditoire se fatigue. Les bancs se dégarnissent peu à peu. Les médecins, les étrangers, les dames, les élèves regardent leurs montres et s’évadent discrètement. Trub et moi nous les imitons et nous faufilons derrière quelques malades riches enchantés de leur matinée : « Vous savez, moi j’ai un peu de ça ! Je porte difficilement mon verre à ma bouche. — Et moi, au réveil je tremble ; je ne peux pas me moucher. — Ah ! qu’il est fort ! Ah ! qu’il est fort !… »
Je devais le lendemain quitter l’hôpital Typhus. Le soir, je préparai un petit paquet de vêtements propres, que je m’étais achetés à ma dernière sortie. Je fis le compte du peu d’argent qui me restait. J’embrassai Trub et lui pro-