Médecine, de Chirurgie, la jurisprudence, le corps des hôpitaux, le Parlement, tel ou tel Lèchement de pieds. Selon que l’on était du parti Wabanheim ou du parti Cortirac, on avait donc des chances opposites de réussir ou d’échouer. D’où des débats, embûches, traquenards, intrigues, projets, pointages, des ruses nouées, déjouées et renouées, des embuscades masculines et féminines, des visites et complots, des audaces, des parjures et des lâchetés qui remplissaient la vie et les ragots de la Faculté. On s’abordait avec un clin d’œil mystérieux. « J’ai du nouveau. » On se groupait autour du narrateur. Bientôt c’étaient des trépignements, des ivresses, des rages, des discussions, des hypothèses qui cessaient net au passage d’une des causes primordiales du tumulte, Wabanheim, trapu, voûté, les mains dans les poches de son ample paletot, Cortirac, grand, sévère et fixant tout sous ses lunettes d’or : « Ils vont chez Crudanet. Ils vont chez Crudanet. » La demeure du chef sanitaire était, en effet, le rendez-vous de tous les concurrents, et c’était par son habileté à ménager la chèvre et le chou, à servir de paillasson aux colères et rancunes, de trait d’union aux réconciliations forcées, d’étrangleur d’affaires véreuses ou criminelles, c’était par sa liaison intime avec Cloaquol et les parlementaires, c’était par toutes ces qualités primordiales, relevées d’une obséquiosité sans bornes vis-à-vis des puissants et d’une atroce dureté vis-à-vis des faibles, que l’aimable Crudanet avait atteint et conservé sa situation et son prestige.
Cependant mes camarades me répétaient : « Bah, si tu échoues à l’examen, tu te rattraperas au Lèchement de pieds. » Je finis par demander le mot de cette locution courante. On m’expliqua qu’elle était non une métaphore, mais une réalité. Les examens, que l’on passait très vite et au hasard, ne comptaient pas. On jugeait de l’aptitude des élèves et des maîtres à toutes les fonctions en leur faisant lécher les pieds de professeurs tirés au sort. Il y avait le