l est peu d’endroits aussi beaux, aussi sombres, aussi âpres,
aussi pathétiques que les eaux de Lamalou, dans l’Hérault,
tout près de la petite ville de Bédarieux, arrondissement de
Béziers. Mon père est mort avant d’avoir consacré à cette station
thermale, où l’on soigne les grandes maladies nerveuses,
notamment le tabès, le livre qu’il projetait sous ce titre : La
Doulou. Lui seul pouvait l’écrire, avec cette double vision
poétique et sincère, qui lui appartenait en propre. À défaut de
ce qui eût été un poignant chef-d’œuvre, on trouvera ici
quelques notes et une vue d’ensemble, dont l’unique mérite
sera l’exactitude.
Imaginez un grand ravin, brûlant en été malgré de beaux arbres. Le long de ce ravin sont échelonnés trois postes ou mieux trois prises de l’eau singulière, connue dès l’antiquité, où ceux qui marchent mal et que parcourent de soudaines douleurs viennent chercher un soulagement. On distingue ainsi Lamalou le haut, dont la source est plus chaude, Lamalou le centre et Lamalou le bas, la plus fréquentée. Il y a vingt-cinq ans, un casino et quelques hôtels — nous descendions à l’hôtel Mas — constituaient les seules distractions ; mais elles ne manquaient certes pas de saveur.
J’ai vu là le vieux Dr Privat, qui avait connu et hébergé Duchenne de Boulogne, le maître méconnu de la patholo-