Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/100

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Ses prunelles ont miroité hardiment sur moi pour ajouter : « Recommence à vouloir l’attaquer, tu verras ! »

Le soir, à la sortie de quatre heures, je n’arrivais pas à former la queue du rang, dans le préau ; une vingtaine de mioches, occupés d’une bêtise, clignaient gentiment, riaient et ne faisaient rien de ce que je commandais. Je n’en pouvais plus de m’égosiller, de m’élancer vers l’un, vers l’autre. Adam s’est retourné, les épaules remontées, le mufle tendu, menaçant :

— Voulez-vous vous mettre en rang, tas de m… morveux !

Cette aimable apostrophe les a décidés immédiatement. Et j’ai senti, dans mon instinct femelle, que maintenant Adam me protégeait.

Aujourd’hui lundi, je savais bien que la tâche serait rude. Mme Galant a été indisposée, prise d’étourdissements, tellement « les moyens » étaient insupportables. De fait, pendant toute la durée de la classe, je n’ai cessé de les entendre taper des pieds. Les petits, excités par le vacarme au-dessus de leur tête, galochaient aussi, tant qu’ils pouvaient. La directrice a fini par passer la main.

— Rose, j’y renonce, je me réfugie dans mon cabinet. Ouvrez l’armoire et tâchez de les calmer avec les guignols et les constructions.

L’inévitable M. Libois n’est-il pas entré tout de go dans la classe, croyant y trouver la directrice ? J’oserai dire que nous avons croisé nos regards.