Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/111

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remarqué son sourire remerciant, gâté d’incitation perverse, et, un instant après, sa voix courtisane :

— Resserre-moi mon nœud de ceinture, derrière, veux-tu ?

Mais Bonvalot l’a empoignée par une épaule et l’a fait pirouetter, en grognant d’un accent canaille inimitable :

— Ah ! mais, t’as pas fini, toi ? Tu sais, j’aime pas à être embêté par les femmes.

Bonvalot n’est pourtant pas insensible au beau sexe. Aujourd’hui encore, dans la cour, je l’ai vu pousser Julia Kasen et la faire cogner du front contre le marronnier, parce qu’elle déclinait ses amabilités. Depuis longtemps, je suis peinée de certaines persécutions impunément exercées. Parbleu ! la surveillance détaillée est si difficile dans le pêle-mêle hurleur et forcené de deux cents enfants ! Et il n’y a que deux maîtresses « de service de récréation », après le déjeuner : les deux adjointes, ou la directrice et une adjointe. La troisième maîtresse, ayant participé au service du réfectoire, déjeune à son tour.

Les deux surveillantes se promènent sur la bordure asphaltée ; pour plus de vigilance, elles ne doivent pas se parler, d’après le Règlement. Mais leur regard pédagogique a beau courir sur les types, les Adam, les Bonvalot, les Popelin, il ne peut s’arrêter qu’aux gros faits excessifs.

Julia Kasen est une brune pâle à face orientale, d’une coulée pure, ombrée de sourcils et de cils splendides. Si je ne comptais sur la régénérante