Aller au contenu

Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

influence de l’école, je dirais que sa destinée infaillible est de devenir une misérable esclave de la débauche ; et, chose curieuse, cette enfant ne passe jamais auprès de moi sans me regarder à la dérobée, ou franchement avec un sourire faible et honteux, comme si « nous savions », elle et moi. Ses parents sont des journaliers estimables quelconques, mais elle est jolie, d’une certaine joliesse spéciale, professionnelle quasiment, et son allure se ressent aussi d’une sorte de nonchalance fataliste. Et pourquoi Bonvalot a-t-il l’instinct de la cramponner sans cesse ? On devine qu’elle le déteste, elle se crispe, essaie de s’échapper, puis elle le subit, elle se laisse promener par le bras, soumise.

Eh, mais ! Où ai-je donc élaboré cette certitude de diagnostic ? Il y a quelques mois, une pareille science m’était totalement étrangère. J’ai donc respiré la psychologie du quartier ? Et voici le plus extraordinaire : à mesure que je me familiarise avec l’école, mon observation, d’abord superficielle et chercheuse d’ensemble, s’habilite parfaitement aux sondages individuels. Suis-je pas heureuse de pouvoir noter, au début de l’année scolaire, l’état d’un certain nombre d’enfants et de pouvoir suivre les améliorations successives jusqu’à la transformation acquise en fin de période ? Peut-on vivre une œuvre plus intéressante ?

Et j’ai fait bien d’autres progrès ! L’esprit me vient ! Le « bel esprit » s’entend.

Avant-hier, comme je cherchais le nom d’un