Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/143

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piton à rideau, là-haut… Eh bien, la population du quartier, ces gens, les parents des enfants, je les vois bien aller et venir dans la rue, je connais leur extérieur, leurs gestes, leur langage et je sais le secret de leur activité ; ce sont, pour la plupart, des pauvres hères assez bas, travaillant trop ou croupissant trop, mangeant mal, buvant mal, tournant dans un cercle étroit de souffrance, de laideur, d’ignorance et de préjugé, ayant une petite animation cérébrale désastreusement entretenue, une intelligence de samedi de paie, de café-concert, de lendemain de noce et de tirage au sort… Eh bien ! tout examiné, le but serait que les enfants diffèrent d’eux le plus possible ; je n’extravague pas !

Réfléchissons maintenant à cet enseignement si intransigeant sur le chapitre spécial de la famille ; voyons, je ne me trompe pas non plus, j’entends bien raconter tous les jours l’histoire du petit mouton qui n’a pas voulu passer juste par le chemin où passait sa mère et qui, à cause de cela, a été mangé par le loup. Que signifie cette infaillibilité des parents ? À quoi tend ce dogme à voie unique ? Si ce n’est à rendre la génération qui vient d’éclore pareille à sa devancière ?

On ne se contente pas de dire : « Vous devez écouter les bons conseils de tranquillité, de propreté, de sobriété », non ! une insistance généralisante semble prévoir les ordres inadmissibles et prescrire la soumission passive même à l’absurde, même au mal.

Jusqu’à présent, les leçons de docilité m’avaient