Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/144

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paru indispensables, adressées à des enfants de deux à sept ans. Quoi de plus naturel ? « Va faire les commissions. — Mange ta soupe comme papa. — Imite la tenue convenable des grandes personnes. » Oui ! Mais il faut penser à leur terrible faculté de tirer la conséquence totale d’une idée. « Si l’exemple des parents est bon pour une chose, il est bon pour toutes, » disent les enfants. Leur logique rudimentaire, de roc, de fer, est impénétrable à tout raisonnement contradictoire et « distingueur » ; elle se confond avec le sentiment de la « justice égale », lequel prédomine immanquablement, étant dérivé lui-même de l’instinct de conservation. (Jolie phrase et d’un poids montagneux ! Elle n’a que le défaut d’infirmer la donnée précédente — pas plus ; — car si la dialectique enfantine même est à voie unique, les préceptes absolus ne nuisent pas expressément, ou tout au moins, à quoi servirait-il de faire des réserves ?)

Quoi conclure ? On ne peut pourtant pas prescrire aux enfants de n’écouter personne en dehors de l’école et de discerner seuls le bien et le mal…

Je m’étais couchée, je me suis relevée. Les échos du soir étaient venus me tenir compagnie, comme d’habitude : ce furent d’abord, envoyés par la maison, un cognement de querelle de ménage, sourd, consistant et un autre cognement de « correction d’enfant » plus écraseur ; puis, envoyés par la rue, l’appel « à l’assassin » et la galopade ordinaire des bottes de sergents de ville traînant derrière elles une queue de rumeurs. On ne se lève