Page:Léon Frapié - La maternelle, 1904.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vie que nous respirons, puisque c’est tout qui souffre du même coup, c’est la maison et c’est la rue !

» Les chats ne comprennent pas le langage des oiseaux ; mais Mistigris a compris tout de suite la mésange, comme si c’était sa mère, à lui, qui pleurait ! « Cuî, cuî, rends-moi mes petits, rends-moi mes petits ! »

» Il a regardé vite, là-haut, dans le marronnier, puis le voilà qui fait semblant de ne pas entendre, il tourne le front du côté des poiriers et des pruniers, il s’occupe des mouches qui volent là-bas, il cligne ses yeux, comme si leur poussière d’or le gênait, et il a l’air de compter les fleurs penchées, plus loin encore, tout là-bas.

» Mais la mésange est toujours là, sur la branche, qui lève son petit bec, et le baisse et le relève, droit vers lui, sans arrêt, toujours, toujours, pleurant la même plainte : « Rends-moi mes petits ! rends-moi mes petits ! »

» Malgré lui, peu à peu, Mistigris ramène ses moustaches devant l’arbre, il les incline et flaire attentivement la pierre du perron à ses pieds.

» Mais la mésange continue de crier.

» Et peu à peu, la tête de Mistigris se relève, il faut qu’il regarde ! il faut qu’il entende ! il faut qu’il reste là, les yeux fixés sur la mésange qui le harcèle.

» Alors les cris de la maman qui se penche et se redresse sans faiblir sont comme des aiguilles que chaque balancement enfoncerait ; des frissons